Crier sous la vague
de Laura Gamboni, aux Editions de l’Aire, septembre 2011
Son regard est creux, ses gestes sont vides, son corps est lourd, elle n’entend plus son cœur ; depuis la mort de sa mère Aliénor est devenue étrangère à elle-même. Elle n’est plus personne.
"Aliénor lâche son couteau, le regard flou braqué juste un peu derrière lui, elle murmure : mais pars je ne te retiens pas."
Ses cris de douleur sont maquillés en reproches, ses hurlements de souffrance en caprices, son feu intérieur en glace. Dans ce brouhaha d’émotions personne ne saisit l’ampleur de sa souffrance. A travers cette histoire, Laura Gamboni révèle comment un être peut sombrer, à l’insu de tous.
Cette histoire confirme aussi le drame d’une aliénation, celle de l’exclusivité de la relation mère-fille. Dans un rythme essoufflé, Laura Gamboni nous entraîne dans le naufrage de cette femme anéantie par la mort de sa mère, avec laquelle elle entretenait une relation fusionnelle. Et l’on peut alors être tenté de croire que la cause même de cette aliénation est l’exclusivité étouffante de la mère...
En fait, le récit de Laura Gamboni m’a plongé dans une grande réflexion et m’a emmené plus loin que les apparences ; la cause principale n’est pas dans ce qui est trop, mais dans ce qui n’est pas. L’origine du mal, ce qui rend le déséquilibre possible, est bien l’absence de la fonction paternelle séparante... Il serait temps pour nous d'oser regarder la vérité en face...
Un bouquin poignant, que je conseille sans retenue.